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TYPIQUES DE L’ŒUVRE DU PEINTRE AUGUSTE CHABAUD, CES FILLES EN VERT SÉDUIRONT LES AMATEURS DE COULEURS ET D’EXPRESSIONNISME. IMMERSION AU CŒUR DE LA VIE PARISIENNE.

Cette toile, intitulée Les Filles en vert, a été peinte en 1907 par Auguste Chabaud, un an après que l’artiste, d’origine nîmoise, se fut installé pour une dizaine d’années à Paris. La guerre est encore loin, et la vie est pour l’instant pleine d’insouciance dans la capitale française. Le jeune homme de 25 ans se laisse séduire sans mal par les cafés et le monde du spectacle. Celui de la nuit l’attire et, avec lui, ses personnages extravertis et pittoresques. On connaît également, de la même époque, au Centre Pompidou, une toile nommée Yvette ou la Robe à carreaux. Elle représente une prostituée que le peintre connaissait bien. Attendri par cette femme souffrant de tuber- culose, il la citait souvent dans ses poèmes et écrits. Comme ses semblables croquées par l’artiste, elle est d’une beauté terrifiante, les yeux charbonneux, très maquillée, avec des pommettes rouges ressortant sur le blanc de la peau. Ces filles aux corps et aux visages déformés par la souffrance – tant physique que morale – de leur existence sont des sujets parfaits pour la manière de peindre de Cha- baud, ce style fauve, très marqué par l’œuvre des expressionnistes tels que Kees Van Don- gen ou les peintres allemands du début du
XXe siècle. Si la couleur rouge domine sou- vent dans ses scènes de maisons closes, ici, c’est le vert qui prévaut, acide et brutal, don- nant son nom à cette œuvre, qui fut achetée directement auprès de la famille de l’artiste en 2001 et s’accompagne du certificat de Claude Chabaud, le fils d’Auguste.

EMBLÉMATIQUE DU FAUVISME
« Je veux puiser sans intermédiaire à même la vie» : c’est ainsi que le peintre expliquait ses choix thématiques et sa peinture, reconnaissa- ble entre toutes, qui est aussi emblématique du mouvement fauve. Bien que Chabaud ait été absent de la célèbre « cages aux fauves » du Salon d’automne de 1905 – il effectuait au même moment son service militaire en Tuni- sie –, il est pleinement intégré à ce courant. Non basé sur un manifeste écrit, le fauvisme est une tendance picturale vers laquelle ont convergé simultanément plusieurs artistes parmi lesquels Matisse, Van Dongen, Mar- quet, Dufy et Derain, mais aussi des peintres provençaux comme Chabaud et Seyssaud. Tous réunis par la volonté de libérer la cou- leur des conventions et de peindre le monde réel, ils suivront pourtant, dès 1908, chacun leur propre chemin. Auguste Chabaud a reçu,
comme René Seyssaud – un autre Proven- çal –, l’enseignement de Pierre Grivolas aux beaux-arts d’Avignon avant de poursuivre sa formation, en 1899, à Paris dans l’atelier de Cormond et aux académies Julian et Carrière, où il rencontre Matisse et Derain. Suite à des difficultés financières, il quitte la capitale. Il ne la retrouvera qu’en 1906, après son service militaire. Dès l’année suivante, il participe au Salon des indépendants, aux côtés des fauves, avec ses œuvres basées sur la violence chro- matique, des émotions exacerbées et la simpli- fication des formes. Jusqu’en 1913, il travaille entre la Provence et Paris. Après la guerre, il se retire à Graveson, avec sa femme et ses huit enfants, où il peindra des paysages, plus sobres.

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